dimanche 30 octobre 2011

Le puits de Célas 1

Note: mon ordinateur refusant obstinément d'admettre le reste du texte, je me débrouillerai pour le faire passer demain

Le puits de Célas, lieu tragique d’histoire

De  1850 à 1944


Préface


« Si je connaissais bien une seule chose, je connaîtrais tout » la formule, attribuée à Aristote, est exacte : à partir d’une recherche, au départ personnelle et « minime », on est forcément conduit à l’élargir… comme une pelote se dévidant à l’infini… par un simple fil tiré qui dépasse à peine… si peu : j’aurais pu passer à côté. S’ouvrent alors le monde, l’imprévu et les autres. Un fil qui dépasse…

Ce texte donc part d’abord d’une expérience à la fois banale et extraordinaire, des lettres trouvées au grenier de ma maison, (voir plus loin)… qui me conduisirent à plonger de plus en plus dans cette période étrange et horrible que fut la seconde guerre mondiale que je n’ai pas connue. A rencontrer des gens. Cela se fit en plusieurs temps ; dans la région de Servas Célas d’abord, des Mages, de Saint Jean de Valériscles ensuite… puis à Paris, Lyon… et si je poursuis, Frankfort, Londres… etc... Un détail significatif ; l’un des personnages que je voulus interviewer et que j’avais découvert grâce à une résistante de Salindres, Lisette Janot, habitait…  à Paris tout près de chez moi (il s’agit de Magnan). L’autre, Courbevoie, il s’agit de Péchin. Et le troisième, juste à côté, c’est Treyoux. J’étais donc partie de Salindres, Servas, pour revenir à mon point de départ provisoire : à deux stations de métro. Le puzzle s’emboîtait. Un autre résistant, un personnage dont on me parla sous son nom de code (l’Ours) était, je le découvris longtemps après, un ami de ma mère dont elle n’employait que le nom véritable, (Favan). Et enfin Jeanne Boyer qui me reçut souvent était… une amie également de ma mère qui m’en avait très souvent parlé sous son nom de jeune fille, Daufès ; je n’avais pas fait le rapprochement sur le coup. Oui, on part toujours au départ de soi. L’histoire arrive ensuite.

C’est dans cette région que se déroulèrent les faits dont il est question dans les Lettres. Le succès imprévu du témoignage-roman m’amena ensuite à reprendre l’histoire d’un point de vue historique, philosophique… et même géologique : la deuxième partie de ce texte est consacrée aux gisements d’hydrocarbures et de charbon dans la région, qui dessinèrent le paysage que nous voyons toujours, les puits de mine, d’asphalte, l’usine de Salindres... Ce puits de tragique mémoire, à Célas-Servas, comment avait-il été foré ? Quand ? Pourquoi ? Puis, abandonné, assez vite ? A partir d’un fait historique à la fois connu et mal connu, un puits de mine désaffecté des Cévennes où furent jetés en 44 trente et une personnes au moins… en fait davantage comme nous allons le voir, on passe par la guerre, les ressources minières, le Fort Vauban… pour retourner à la période de 44.

Ce nouveau texte est fort différent des « Lettres », non romanesque, peut-être plus difficile. Mais il en est à la source et il les explique ; à la limite, peut-être aurait-il dû être écrit avant. Magie de la littérature cependant, il n’eût alors sans doute rencontré aucun succès ; nous nous intéressons d’abord à nous, à notre histoire, à ces faits minimes qui nous ont forgés et que parfois nous ignorons, ce fut mon cas comme celui de tous ; et c’est ensuite seulement que nous en cherchons l’origine et le sens. La plupart du temps, nous nous contentons de parler à nos proches, nos enfants, nos élèves. J’ai écrit parce que je me suis sentie en quelque sorte amenée, je dirais presque obligée de le faire. Parce que c’est mon travail et parce qu’il me semblait nécessaire que ces multiples interviews engrangées soient quelque part pérennes… et que ces faits et peut-être leur sens fussent connus de tous. On dit souvent « pour qu’ils ne se reproduisent pas », ce qui est faire montre d’une certaine naïveté. Mais il reste tout de même ceci : si la connaissance n’est pas une garantie que les mêmes atrocités ne se reproduiront plus, l’ignorance en revanche est toujours propice à leur réitération.

Après un bref résumé de la seconde guerre mondiale qui est la toile de fond des « Lettres », nous allons voir ce que fut la ou plutôt les collaborations avec le régime nazi en 40 ; ensuite l’histoire du Puits de Célas proprement dite avec par une rapide recherche sur les ressources de la région, immenses… pour revenir, cercle bouclé, à la fin, à la période de 44, au Fort Vauban d’Alès, avec trois « scoop » que je vous laisse découvrir. Merci à ceux qui m’ont aidée, parlée, soutenue ensuite, Jacques et Agnès Domenech notamment.    











I
La Seconde Guerre mondiale (Sept 39 à Sept 45)

C’est une guerre dont l’histoire jusqu’à présent n’a connu nul autre exemple. Son origine : la première guerre mondiale, celle de 1914/1918. (Voir annexe 4 en fin du texte.) A quatre ans continus d’une effroyable boucherie, succède en quelques jours de réflexion un traité, le traité de Versailles, qui sera source de conflits plus graves encore. Il est l’oeuvre des puissances vainqueurs, en principe, mais en fait ce sont : la France avec Clemenceau, âpre à la revanche ; l’Angleterre avec Lloyd Georges, plus modéré ; l’Italie représentée par Vittorio Orlando, redoutable négociateur sous ses allures débonnaires et les USA pourtant tardivement engagés, par Thomas Wilson, humaniste mais peu pragmatique, qui de bout en bout mèneront les débats. Le Japon ne réussira pas à s’imposer. Ce traité et ceux qui le suivront immédiatement vont redessiner la carte, presque, du monde. Le principe, pour la première fois posé (par Thomas Wilson le président des Etats-Unis) est le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »… qui se heurte à des réalités complexes auxquelles il ne peut s’adapter. « Ceci nous prépare pour l’avenir des milliers et des milliers de morts » écrit, prémonitoire, Robert Lansing, le délégué américain : les faits lui donneront raison.
La Pologne reconstituée, se trouve en partie peuplée d’allemands, notamment sur la longue bande qui lui donne accès à la mer (le « corridor » de Gdansk), zone enviée qui sera source de conflits ultérieurs ; des peuples sont carrément oubliés et le demeureront  malgré les autres traités qui complètent peu après celui de Versailles (les kurdes, alors que l’empire ottoman vaincu a éclaté et que les turcs sont responsables du génocide arménien) ; des pays sont artificiellement redessinés, tronqués, accrus ou même créés sans souci de la disparité des peuples qu’ils englobent, par exemple la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, l’Autriche et la Hongrie, ces « éclats » de l’empire austro hongrois déchu, composés eux mêmes de plusieurs peuples intriqués de religions différentes ; parmi les « slaves du sud » ainsi appelle-t-on les yougoslaves, tchécoslovaques, bulgares, serbes… musulmans et chrétiens s’entendent mal : après cinq siècles de domination ottomane (musulmane), les chrétiens et notamment les serbes considèrent parfois les musulmans comme des « collaborateurs » de l’occupant turc haï… Se disant garants de la pureté culturelle et religieuse du peuple slave, les serbes tiennent le haut du pavé…
Le traité évidemment favorise ceux qui ont combattu avec la « triple entente » (la France, l’Angleterre, la Russie et leurs alliés), ce qui est logique mais pas toujours très équitable, le Japon notamment se sentira floué et humilié par la répartition des territoires qui le désavantage considérablement… Les disparités, exacerbées par la suite susciteront rancoeurs et révoltes de la part des écartés… La guerre d’ailleurs avait éclaté à la suite de l’assassinat de l’héritier de l’empire austro hongrois par un serbe nationaliste, dans un contexte d’exaspération de peuples opprimés par l’Autriche… La roue a tourné dans l’autre sens… mais les acteurs demeurent les mêmes : les problèmes aussi. Alors qu’en Yougoslavie les serbes dominent les croates, en Tchécoslovaquie, tchèques et slovaques installés au pouvoir ne représentent en fait que 50% de la population, les 50% restants étant hongrois, allemands (dans les sudètes), polonais, ukrainiens, juifs et rom. La Bulgarie, amputée au profit de la Grèce, de la Serbie et de la Roumanie, perd son seul débouché sur la mer Egée et ses terres les plus riches ; la Roumanie gagne la Transylvanie… où se trouve implantée une forte proportion de hongrois. Quant à la Hongrie, réduite d’un tiers de son territoire, elle perd la Slovaquie (qui, associée à la Tchéquie, devient Tchécoslovaquie, bien que les deux peuples, tchèques et slovaques, soient différents)… donc des minorités hongroises se retrouvent en pays « étranger » avec souvent des droits restreints... Un imbroglio inextricable.
Pour mieux comprendre la suite, notons que ces pays (dits « Balkans », ce qui signifie en turc pente glissante !) Roumanie, Hongrie et Bulgarie, empiétant  les uns sur les autres, formeront plus tard, étant donné leur situation géographique, des satellites parfois forcés mais d’autre fois volontaires de l’Allemagne nazie… et qu’ils se positionneront souvent au cours de la seconde guerre en fonction des avantages territoriaux qu’ils espèrent tirer les uns des autres, variant au cours même du conflit selon le pouvoir en place, les alliances de leurs rivaux ou l’évolution de la situation générale... et enfin qu’ils implosèrent fréquemment, formant deux groupes ennemis. Il ne faut toutefois pas mettre sur un même pied l’engagement de la Roumanie et de la Hongrie, franchement pro nazies dans leur majorité, et celui de la Bulgarie qui ne mit aucun zèle, malgré son occupation, à servir les allemands, même si des deux côtés il y eut des dissidents et des retournements. Après le traité qui a redessiné la carte de l’Europe, on assiste à des migrations parfois importantes de populations entières. [Staline par la suite les forcera à sa manière : par les « déportations », pacifiques certes, de peuples « inclus » vers leur pays d’ « origine » ou parfois même, leur pays « attribué », dont les allemands notamment firent les frais…]
D’autres traités complèteront celui de Versailles : la toute nouvelle Turquie doit céder à la Grèce, Smyrne et la Thrace ; à la France, le Liban et la Syrie ; et aux Britanniques, l’Irak, la Transjordanie et la Palestine. Mais rien aux 15 millions de kurdes. L’Autriche est amputée au profit de l’Italie et de la toute nouvelle Tchécoslovaquie… Mais la plus lourdement taxée évidemment est l’Allemagne, qui perd toutes ses colonies au profit de la France, la Belgique, l’Angleterre et… du Japon (la province chinoise de Chan ton lui est attribuée.) De plus, elle doit payer d’énormes indemnités : c’est la misère, le désir de revanche des vaincus, allemands, autrichiens, hongrois, bulgares ; les ambitions de l’Italie fasciste et du Japon ; la crise économique de 1929 [un ouvrier sur trois est réduit au chômage en Allemagne et sans indemnités ] ; la survenue du mouvement nazi… qui firent le terreau de la seconde guerre mondiale. Les deux camps sont appelés les « alliés » d’un côté, et l’ « axe » (pro allemand) de l’autre.
C’est incontestablement l’Allemagne nazie puis le Japon qui furent les agresseurs à chaque fois, et à chaque fois par surprise.
Cela commence en Espagne en 36 ; c’est la victoire électorale du Front populaire, suivie du coup d’état militaire du général Franco. La guerre fait rage entre les fascistes et les républicains qui veulent sauver la démocratie ; pour leur venir en aide, de tous pays, arrivent des partisans qui vont former les « brigades internationales ». [Lisa Ost et Hedwig Ramel-Robins qui furent précipitées dans le puis de Célas en 44 étaient des anciennes brigadistes allemandes.] Franco, en grande difficulté, fait alors appel à l’Allemagne nazie ; et en juillet 36, Hitler envoie ses bombardiers de la légion « Condor » (19 000 hommes en tout) pilonner les républicains. Guernica, immortalisée par le tableau de Picasso et détruite à 70% en avril 37 en sera le symbole (1600 morts). Les bombardiers nazis poursuivront le combat jusqu’à la victoire de Franco en avril 39… C’est le premier acte d’ingérence de Hitler en Europe et la fin d’un rêve. Fin renard, Franco ne sera guère reconnaissant par la suite : l’Espagne demeura neutre durant tout le conflit et demeura la voie de passage de ceux qui désiraient rejoindre Londres pour s’engager contre l’Allemagne nazie.
Et en 38, c’est l’annexion de l’Autriche par Hitler, dite l’« anschluss », l’ « inscription », afin de signifier qu’il s’agissait de la volonté du peuple autrichien, consulté après coup par un vote… qui donna 99% de favorables au rattachement ! Mais ni les juifs, 4% de la population de 5 millions, ni les tziganes, n’avaient été autorisés à voter. Un premier camp se construit, à Mauthausen (180 000 morts.) Immédiatement après, ce sont les Sudètes, en Tchécoslovaquie, qui sont envahis sous prétexte qu’ils comportent trois millions d’allemands… des allemands relativement défavorisés par les tchèques il est vrai, à rebours de ce qui se passait du temps de l’empire austro hongrois. On frôle la guerre : au terme du traité de Versailles, la Tchécoslovaquie est l’alliée de la France, qui a créé et doit garantir ses frontières. Elle rappelle ses réservistes… Mais, indécis, les anglais initient une tentative de la dernière chance… pour « sauver la paix. » Ce sera « Munich », le 29 et 30 septembre 38 : la paix est sauvée en effet, mais l’Angleterre,  représentée par Chamberlain  et la France, par Daladier ont tout cédé à Hitler et à Mussolini sans même de contrepartie. La Tchécoslovaquie est démembrée, les tchèques, trahis. Churchill résumera ainsi la situation : « vous vouliez éviter la guerre au prix du déshonneur : vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. » Cependant Daladier et Chamberlain sont acclamés à leur retour…
Pour Hitler cet accord est inespéré : ses usines à munitions tournent à plein mais ne suffisent pas encore à ses ambitions. De plus, la résistance allemande, dans l’armée notamment et à un très haut niveau cherche à se débarrasser de celui qu’elle considère de plus en plus comme un énergumène dangereux : il y a déjà eu plusieurs tentatives d’assassinat, certaines, de la part de communistes, d’autres, de militaires. Après Munich, l’enthousiasme populaire suscité par son coup de bluff remet tout en question. Par la suite, les complots échoueront tous les uns après les autres. Le dernier, celui de von Stauffenberg, valut à deux cents conjurés dont 1 maréchal (Rommel), 19 généraux, 26 colonels, 2 ambassadeurs etc… la mort par pendaison ou des « suicides » imposés… Von Stauffenberg, officier irréprochable, décoré de la croix de fer, effaré par le bellicisme et la barbarie de plus en plus évidents du national socialisme, qui écrit : « Il est temps de faire quelque chose. Bien sûr, celui qui osera agir doit être conscient qu'il rentrera dans l'histoire allemande en tant que traître. Mais qu'il renonce à agir et alors il sera un traître vis-à-vis de lui même. Je ne pourrais pas regarder dans les yeux les femmes et les enfants de ceux qui sont tombés si je ne tentais pas tout pour empêcher ce sacrifice humain absurde. »
Devant l’absence de réplique de l’Europe, le 15 mars 39, c’est au tour de la Pologne d’être envahie… Et là tout bascule. Peut-on dire enfin ? 
Le 3 septembre la Grande Bretagne et la France, les premières, entrent en guerre. Suivent l’Australie, la Nouvelle Zélande, tous les dominions, le Canada, l’Afrique du Sud… ainsi que les colonies anglaises : l’Inde, le Nigeria… En avril 40, ce sera le Danemark et la Norvège qui seront envahis. La Norvège opposera une vigoureuse résistance.
Partout cependant, l’Allemagne, mieux armée à présent, est victorieuse… rien ne semble pouvoir arrêter l’avancée expansionniste de Hitler qui avoue ouvertement vouloir dominer le monde entier... pour mille ans.
La partie n’est pas égale : la nouvelle façon de faire la guerre inaugurée par Hitler paie. Mieux entraînés, mieux équipés, les allemands bénéficient surtout de l’effet de surprise, en France, prenant à revers la fameuse ligne Maginot infranchissable, ils arrivent tout naturellement par les ardennes. Après la « drôle de guerre » durant laquelle les soldats français attendent dans les fortins de la ligne Maginot… soudain, en mai-juin 40, c’est l’offensive éclair : Pays bas, Luxembourg, Belgique sont envahis par les troupes allemandes en quelques jours. Le roi des belges Léopold III, qui sera accusé (surtout par les wallons) de « collaborationnisme », signe après la bataille de la Lys une capitulation très contestée, prématurée, au terme de laquelle il s’engage à laisser passer les troupes allemandes… les allemands pénètrent en France… et c’est la défaite. Dunkerque. Une défaite ambiguë : bien que les troupes allemandes aient été deux fois plus nombreuses, (800 000 hommes contre 400 000), il y aura presque deux fois plus de morts allemands, 20 000 contre 11 000 parmi les français et anglais, et presqu’autant d’avions abattus des deux côtés. D’autre part, Hitler, obnubilé par Paris ayant inexplicablement arrêté ses armées victorieuses, Goering  assurant « s’en charger avec l’aviation »… les anglais, dans des conditions inouïes, parviendront à réembarquer la quasi-totalité de leurs troupes, (338 22 combattants) ainsi que 123 000 français… grâce aux soldats de l’arrière garde, essentiellement français, qui couvrent la retraite… dont 35 000 furent faits prisonniers. Pour cinq ans (pour la plupart). Ils marcheront sur des milliers de kilomètres, à peine nourris… Mon père, qui était du nombre, perdit une dizaine de kilos, et quoique déjà maigre, n’en fut pas trop affecté, les plus corpulents ayant paradoxalement davantage souffert. Il se souvenait avec émotion de femmes belges attendant les convois avec d’énormes bassines de soupe qu’ils puisaient à la hâte tout en marchant, avec des boîtes de conserves ou n’importe quel récipient qu’on leur avait jeté. Il y aura en tout 1,5 millions de prisonniers français en Allemagne dont 4 % mourront…
Une défaite humiliante certes, due à l’immobilisme des généraux de la vieille école comme Weygand, qui pensait encore en termes de tranchées, de guerre de position ; au matériel obsolète, malcommode, des mulets à la place d’engins motorisés ; à la capitulation inattendue des belges ; et enfin au culot et à la rapidité foudroyante des armées allemandes… ainsi qu’à leur nombre, en l’occurrence double. Mais la flotte est intacte.
Mais le 22 juin 40, c’est l’armistice, acceptée par Pétain… plus favorable aux Allemands qu’une capitulation qui aurait permis de poursuivre la guerre en Afrique du Nord avec les français d’outre mer et ses soldats, arabes et kabyles, qui avaient déjà prouvé leur valeur en 14  [c’étaient les fameux zouaves]… et la flotte, cette flotte qui manque tant aux nazis. Les conditions de cet armistice sont à la fois favorables, la France conserve une zone dite « libre » qui couvre deux cinquièmes de son territoire… et honteuses : Hitler exige que lui soient livrés ses opposants politiques, ces allemands résistants qui, fuyant le nazisme, avaient parfois constitué en France, sous prétexte d’auberges de jeunesse, des noyaux, des points de ralliement anti fascistes, on pourrait presque dire des « maquis » pacifistes avant l’heure, dont Pitt et Yvès Krüger constituaient un exemple romanesque et lumineux. Installés dans les Pyrénées à « la Coume » dans une vieille ferme délabrée, ces ex enseignants, musiciens devenus paysans recueillaient des réfugiés espagnols, organisant soutien et résistance pour les partisans avec l’aide de jeunes venus en « vacances » de tous les coins du pays... Lydie était une de leurs aficionados et en parlait avec une infinie admiration. Déporté, Pitt revint, mais réduit à l’état de squelette et avec une jambe en moins. La plupart périrent.
Du coup, n’ayant aucune confiance dans un  gouvernement qui d’emblée, se comportait envers l’ennemi davantage comme un allié que comme un vaincu, le 3 juillet, à Mers El Kébir (Algérie), les anglais détruisent la flotte française afin qu’elle ne soit pas livrée armée aux nazis (1380 morts)… ce que de Gaulle justifiera dans ses mémoires et qui en effet pouvait difficilement être évité, Darlan ayant refusé de donner l’ordre qu’elle se saborde... ou rallie un port anglais. 

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